| | Paul Eluard | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Paul Eluard Ven 26 Mar - 22:20 | |
| DE MONSIEUR PAUL ELUARD
POÈME POUR LA PAIX (1918) Monde ébloui, Monde étourdi.
I Toutes les femmes heureuses ont Retrouvé leur mari - il revient du soleil Tant il apporte de chaleur. Il rit et dit bonjour tout doucement Avant d'embrasser sa merveille. II Splendide, la poitrine cambrée légèrement, Sainte ma femme, tu es à moi bien mieux qu'au temps Où avec lui, et lui, et lui, et lui, et lui, Je tenais un fusil, un bidon - notre vie!
III Tous les camarades du monde, O! mes amis! Ne valent pas à ma table ronde Ma femme et mes enfants assis, O! mes amis!
IV Après le combat dans la foule, Tu t'endormais dans la foule. Maintenant, tu n'auras qu'un souffle près de toi, Et ta femme partageant ta couche T'inquiétera bien plus que les mille autres bouches. V Mon enfant est capricieux - Tous ces caprices sont faits. J'ai un bel enfant coquet Qui me fait rire et rire.
VI Travaille. Travail de mes dix doigts et travail de ma tête, Travail de Dieu, travail de bête, Ma vie et notre espoir de tous les jours, La nourriture et notre amour. Travaille.
VII Ma belle, il nous faut voir fleurir La rose blanche de ton lait. Ma belle, il faut vite être mère, Fais un enfant à mon image...
VIII J'ai eu longtemps un visage inutile, Mais maintenant J'ai un visage pour être aimé, J'ai un visage pour être heureux.
IX Il me faut une amoureuse, Une vierge amoureuse, Une vierge à la robe légère. X Je rêve de toutes les belles Qui se promènent dans la nuit, Très calmes, Avec la lune qui voyage. XI Toute la fleur des fruits éclaire mon jardin, Les arbres de beauté et les arbres fruitiers. Et je travaille et je suis seul dans mon jardin. Et le soleil brûle en feu sombre sur mes mains.
LA TERRE EST ... (1929)
La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s'entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d'alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d'indulgence À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert L'aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.
LE VISAGE DE LA PAIX (1951) I Je connais tous les lieux où la colombe loge Et le plus naturel est la tête de l’homme.
II L’amour de la justice et de la liberté A produit un fruit merveilleux Un fruit qui ne se gâte point Car il a le goût du bonheur.
III Que la terre produise que la terre fleurisse Que la chair et le sang vivants Ne soient jamais sacrifiés.
IV Que le visage humain connaisse L’utilité de la beauté Sous l’aile de la réflexion.
V Pour tous du pain pour tous des roses Nous avons tous prêté serment Nous marchons à pas de géant Et la route n’est pas si longue.
VI Nous fuirons le repos nous fuirons le sommeil Nous prendrons de vitesse l’aube et le printemps Et nous préparerons des jours et des saisons À la mesure de nos rêves.
VII La blanche illumination De croire tout le bien possible.
VIII L’homme en proie à la paix se couronne d’espoir.
IX L’homme en proie à la paix a toujours un sourire Après tous les combats pour qui le lui demande.
X Feu fertile des grains des mains et des paroles Un feu de joie s’allume et chaque cœur a chaud.
XI Vaincre s’appuie sur la fraternité.
XII Grandir est sans limites.
XIII Chacun sera vainqueur.
XIV La sagesse pend au plafond Et son regard tombe du front comme une lampe de cristal.
XV La lumière descend lentement sur la terre Du front le plus ancien elle passe au sourire Des enfants délivrés de la crainte des chaînes.
XVI Dire que si longtemps l’homme a fait peur à l’homme Et fait peur aux oiseaux qu’il portait dans sa tête.
XVII Après avoir lavé son visage au soleil L’homme a besoin de vivre Besoin de faire vivre et il s’unit d’amour S’unit à l’avenir.
XVIII Mon bonheur c’est notre bonheur Mon soleil c’est notre soleil Nous nous partageons la vie L’espace et le temps sont à tous.
XIX L’amour est au travail il est infatigable.
XX C’est en mil neuf cent dix sept Et nous gardons l’intelligence De notre délivrance.
XXI Nous avons inventé autrui Comme autrui nous a inventé Nous avions besoin l’un de l’autre.
XXII Comme un oiseau volant a confiance en ses ailes Nous savons où nous mène notre main tendue Vers notre frère.
XXIII Nous allons combler l’innocence De la force qui si longtemps Nous a manqué Nous ne serons jamais plus seuls.
XXIV Nos chansons appellent la paix Et nos réponses sont des actes pour la paix.
XXV Ce n’est pas le naufrage c’est notre désir Qui est fatal et c’est la paix qui est inévitable.
XXVI L’architecture de la paix Repose sur le monde entier.
XXVII Ouvre tes ailes beau visage Impose au monde d’être sage Puisque nous devenons réels.
XXVIII Nous devenons réels ensemble par l’effort Par notre volonté de dissoudre les ombres Dans le cours fulgurant d’une clarté nouvelle.
XXIX La force deviendra de plus en plus légère Nous respirerons mieux nous chanterons plus haut.
Le visage de la Paix (Pablo Picasso)[img] |
| | | Invité Invité
| Sujet: de monsieur Paul Eluard Lun 26 Avr - 16:39 | |
| Les yeux fertiles...
On ne peut me connaître Mieux que tu me connais
Tes yeux dans lesquels nous dormons Tous les deux Ont fait place à mes lumières d'hommes Un sort meilleur qu'aux nuits du monde
Tes yeux dans lesquels je voyage Ont donné aux gestes des routes Un sens détaché de la terre
Dans tes yeux ceux qui nous révèlent Notre solitude infinie Ne sont plus ce qu'ils croyaient être
On ne peut me connaître Mieux que je te connais.
La courbe de tes yeux...
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.
En vertu de l’amour...
Je n’ai rien séparé mais j’ai doublé mon cœur D’aimer, j’ai tout créé : réel, imaginaire, J’ai donné sa raison, sa forme, sa chaleur Et son rôle immortel à celle qui m’éclaire.
Je t'aime...
Je t'aime pour toutes les femmes Que je n'ai pas connues Je t'aime pour tout le temps Où je n'ai pas vécu Pour l'odeur du grand large Et l'odeur du pain chaud Pour la neige qui fond Pour les premières fleurs Pour les animaux purs Que l'homme n'effraie pas Je t'aime pour aimer Je t'aime pour toutes les femmes Que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même Je me vois si peu Sans toi je ne vois rien Qu'une étendue déserte Entre autrefois et aujourd'hui Il y a eu toutes ces morts Que j'ai franchies Sur de la paille Je n'ai pas pu percer Le mur de mon miroir Il m'a fallu apprendre Mot par mot la vie Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse Qui n'est pas la mienne Pour la santé je t'aime Contre tout ce qui n'est qu'illusion Pour ce cœur immortel Que je ne détiens pas Que tu crois être le doute Et tu n'es que raison Tu es le grand soleil Qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi Quand je suis sûr de moi
Tu es le grand soleil Qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi Quand je suis sûr de moi
http://www.desiderenzia.net/poemes_paul_eluard.htm http://lapoesiequejaime.net/peluard.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Paul, moi aussi je t'aime tout autant... Mer 28 Avr - 13:46 | |
| de Monsieur Paul Eluard :
Au fond de notre cœur
Au fond de notre cœur un beau jour le beau jour de tes yeux continue Les champs l'été les bois le fleuve Fleuve seul animant l'apparence des cimes Notre amour c'est l'amour de la vie, le mépris de la mort A même la lumière contredite souffrante sans croissance ni fin Un jour sur terre plus clair en plein terre que les roses mortelles dans les sources de midi Au fond de notre cœur tes yeux dépassent tous les ciels leur cœur de nuit Flèches de joie ils tuent le temps ils tuent l'espoir et le regret ils tuent l'absence La vie seulement la vie la forme humaine autour de tes yeux clairs D’une main composée pour moi Et qu’elle soit faible qu’importe Cette main double la mienne Pour tout lier tout délivrer Pour m’endormir pour m’éveiller D’un baiser la nuit des grands rapports humains Un corps auprès d’un autre corps La nuit des grands rapports terrestres la nuit native de ta bouche La nuit où rien ne se sépare Que ma parole pèse sur la nuit qui passe Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle Tu es entré dans ce poème Porte de ton sourire et porte de ton corps Par toi je vais de la lumière à la lumière De la chaleur à la chaleur C’est par toi que je parle et tu restes au centre De tout comme un soleil consentant au bonheur
Le miroir d’un moment …
Il dissipe le jour, Il montre aux hommes les images déliées de l'apparence, Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire. Il est dur comme la pierre, La pierre informe, La pierre du mouvement et de la vue, Et son éclat est tel que toutes les armures, tous les masques en sont faussés. Ce que la main a pris dédaigne même de prendre la forme de la main, Ce qui a été compris n'existe plus, L'oiseau s'est confondu avec le vent, Le ciel avec sa vérité, L'homme avec sa réalité.
La Terre est Bleue…
La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s'entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d'alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d'indulgence À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert L'aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.
Oeil de sourd Faites mon portait. Il se modifiera pour remplir tous les vides.
Faites mon portrait sans bruit, seul le silence, A moins que - s'il - sauf - excepté - Je ne vous entends pas.
Il s'agit, il ne s'agit plus. Je voudrais ressembler - Fâcheuse coïncidence, entre autres grandes affaires. Sans fatigue, têtes nouées Aux mains de mon activité.
Liberté
Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom
Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises Sur les lèvres attentives Bien au-dessus du silence J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom
Sur l'absence sans désirs Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'écris ton nom
Sur la santé revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer
Liberté.
(- 1942 - Ce poème provient du recueil intitulé " Poésie et vérité 42 ")
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Dernière édition par thibault le Lun 28 Juin - 12:13, édité 6 fois |
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