Je trouvais quelques similitudes entre la musique de Tom Waits et celle d'Emily Loizeau, et après avoir lu quelques articles j'ai appris qu'elle rêvait de faire un duo avec lui, je vais donc vous faire une petite fiche sur cet artiste majeur qu'il faut connaitre!
Tom Waits est unique en son genre, mélange de jazz, parfois de pop, même parfois encore hiphop, son dernier album en est l'exemple parfait (beat box etc...), il a un style caractèristique, bien à lui, et c'est selon moi quelque chose primmordial.
C'est un peu long mais pour ceux que ça intéressent:
DébutsLa carrière de Tom Waits débuta à Los Angeles en 1971 quand il signa avec Herb Cohen, manager de Frank Zappa entre autres. Il fit plusieurs séances d'enregistrement avortées avant de parvenir à l'album Closing Time, mélancolique et teinté de country en 1973. L'album reçu un bon accueil critique mais ne connut le succès qu'en 1974 quand les Eagles reprirent un de ses titres : « 01' 55 ».
L'album Heart of Saturday Night montra ses origines de chanteur de night-club avec ses ballades de crooner, mi-parlées, mi-chantées sur un fond de jazz léger. Il enregistra en 1975 Nighthawks at the Diner en présence d'un public restreint pour rendre l'ambiance de ses concerts de l'époque avec notamment les longs monologues entre ses chansons.
En 1976 Small Change sortait avec la participation d'un batteur célèbre, Shelly Manne, et une ambiance un peu plus jazzy. Les chansons telles que The Piano Has Been Drinking et Bad Liver and a Broken Heart au style lyrique situé entre Raymond Chandler et Charles Bukowski contribuèrent à installer sa réputation d'artiste sombre. Les albums Foreign Affairs et Blue Valentine, sortis respectivement en 1977 et 1978 étaient dans la même veine, Tom Waits y montrant néanmoins plus de raffinement dans son art vocal.
Il entama une longue relation de travail avec Francis Ford Coppola à partir de 1980 qui lui avait demandé de lui composer la musique de son film One From The Heart. Tom Waits joua également dans plusieurs de ses films, Rumblefish, The Outsiders, Cotton Club et Dracula. Il travailla également avec d'autres réalisateurs tels que Jim Jarmusch et Robert Altman. Il écrivit et interpréta avec sa femme Big time, un concert filmé quelque peu surréaliste.
Il rencontra Kathleen Brennan sur le tournage de One From The Heart et l'épousa en 1980. Elle est co-auteur de nombre de ses chansons et de ses albums suivants et Tom Waits la cite souvent comme une influence majeure dans son travail.
Après les années 1980Il quitta Asylum Records pour Island Records en 1983 et sa musique devint moins conventionnelle. Ses trois albums du milieu des années 1980, Swordfishtrombones, Rain Dogs et Frank's Wild Years présentent une instrumentation éclectique qu'il qualifia lui même d'« Orchestre de Décharge » associant les sections de cuivre de la soul avec les percussions réminiscentes de Harry Partch ou encore la guitare distordue de Marc Ribot. Il modifia également sa voix, sonnant de moins en moins comme un crooner de night-club de la fin des années 1970 que comme Howling Wolf ou Captain Beefheart. Le dernier de ces albums, une comédie musicale de dimension modeste co-écrite avec sa femme, ainsi que ses collaborations futures avec William S. Burroughs sur The Black Rider démontraient son intérêt croissant pour le théâtre qui se traduisit par une carrière d'acteur intéressante en parallèle à la musique.
Son travail se distingue généralement par sa voix rocailleuse, sa forte personnalité, sa présence sur une scène de théâtre et l'humour de « bar nocturne enfumé » de ses textes : I'd rather have a free bottle in front of me than a pre-frontal lobotomy (calembour intraduisible signifiant : je préfère avoir une bouteille gratuite devant moi qu'une lobotomie préfrontale). Tom Waits est maniaco dépressif.
Tom Waits, bien que Bruce Springsteen ou Rod Stewart aient repris certaines de ses chansons, reste un artiste culte pour un public restreint qui garde ses distances avec un carrière conventionnelle.
Tom Waits a toujours catégoriquement refusé que sa musique soit employée pour la publicité et à attaqué en justice plusieurs entreprises qui ont passé outre ses souhaits.
DiscographieAlbum Majeurs* 1973 Closing Time
* 1974 Heart of Saturday Night
* 1975 Nighthawks at the Diner
* 1976 Small Change
* 1977 Foreign Affairs
* 1978 Blue Valentine
* 1980 Heartattack and Vine
* 1982 One From the Heart (bande originale de film)
* 1983 Swordfishtrombones
* 1985 Rain Dogs
* 1987 Frank's Wild Years
* 1988 Big Time (album live, concert filmé)
* 1991 Night on Earth (bande originale de film)
* 1992 Bone Machine (Grammy Award du meilleur album de musique alternative)
* 1993 The Black Rider (en collaboration avec William S. Burroughs)
* 1999 Mule Variations (Grammy Award du meilleur album de folk contemporain)
* 2002 Blood Money
* 2002 Alice
* 2004 Real Gone
Compilations* 1991 The Early Years, Volume One
* 1993 The Early Years, Volume Two
Contributions* 1991 Sailing the Seas of Cheese, Primus: Fait la voix de Tommy The Cat
* 1993 Jesus Blood Never Failed Me, Gavin Bryars
Albums Hommage* 1995 Temptation, Holly Cole
* 1995 Step Right Up
* 2000 New Coat of Paint
* 2001 Wicked Grin, John Hammond
* 2004 Step Right Up: The Songs of Tom Waits
ReprisesParmi l'abondante production de Tom Waits, certains titres ont été repris par d'autres chanteurs :
* Tim Buckley a donné sa voix veloutée à la chanson Martha (de l'album Closing Time) sur son album Sefronia
Quelques chroniques:Un album au son très roots et musique de cirque, sur lequel on retrouve certaines de plus belles chansons du monsieur. Ainsi, le magnifique "Temptation", le tubesque "Innocent when you dream" (générique de fin du "Smoke" de Wayne Wang et Paul Auster) et le rythmé "I'll be gone" (et son coq chantant!).
Un disque sur lequel on oscille constamment entre musique de cabaret, blues crasseux et dérives jazzistes légères.
Création du trio Robert Wilson (mise en scène), William Burroughs (textes) et Tom Waits (musique et paroles), "The Black Rider" est un album presque malsain, tout du moins inquiétant. A la musique de cirque qui déraillait des précédents albums, Tom Waits préfère ici une musique de fête foraine hantée (comme sur le titre d'ouverure "Lucky day overture" ou sur le morceau éponyme). Un conte trippant (de monsieur Burroughs) mis en musique pour un long disque halluciné, pas avare pourtant en instants de grâce (le superbe "November" et sa scie musicale).
L'une des dernières sorties de Tom Waits, "Alice" remonte pourtant à 1992, où il fut monté à Hambourg avec l'aide de l'ami Robert Wilson. Totalement coécrit avec sa compagne Kathleen Brenan, cet album renoue quelque peu avec la grandiloquence déglinguée du Tom Waits de la fin des années 80 et du début des années 90. Un titre comme "Kommienezuspadt" aurait tout à fait pu figurer sur "The Black Rider". Malgré cela, ce disque conseve son originalité, permettant à Waits d'explorer de nouveaux registrer, comme par exemple la musique klezmer dont un violon échappé nourrit la mélancolie d'un titre comme "Poor Edward".